Ce texte a été publié en italien sous le titre
Anarchismo e socialismo le 18 janvier 1936 et en français dans
les Œuvres choisies de Camillo Berneri, parues aux Editions du
Monde libertaire en 1988. Nous en publions des extraits. Les coupures
sont indiquées par (...). Et le texte est suivi d’un
commentaire : "Devons-nous baisser la garde ?" (Ni patrie ni
frontières).
Camillo Berneri : Le prolétariat ne se nourrit pas de curés
« (...) Eh bien, je
déclare, bien que je ne pratique aucun culte et ne professe
aucune religion, que je n’en serais pas moins, dans le cours de
la révolution italienne, à côté des
catholiques, des protestants, des juifs, des Grecs orthodoxes, chaque
fois que ceux-ci revendiqueront la liberté religieuses pour tous
les cultes. Considérant que j’ai eu l’occasion de
constater que mon attitude et mes propos ne recueillent pas
l’assentiment général de mes camarades de foi et de
lutte, je crois utile d’expliquer mon opinion sur la question, et
je le crois utile d’autant plus qu’au-delà de la
valeur du principe, j’aperçois des erreurs
révolutionnaires porteuses à mon avis de dommages et de
dangers très graves.
Chaque intellectuel devrait (...) prendre comme devise les mots de
Voltaire « Monsieur l’Abbé, je suis convaincu que
votre livre est plein de bêtises, mais je donnerai la
dernière goutte de mon sang pour vous assurer le droit de
publier vos bêtises. »
Aucun anarchiste, dis-je, ne peut repousser ce principe sans cesser
d’être anarchiste. Quand, au cours du dernier
congrès mondial de l’AIT, je disais aux
délégués espagnols qu’il fallait
considérer l’anticléricalisme défendu par la
CNT et par beaucoup d’éléments de la FAI comme non
anarchiste, borné et fou, et que l’un des facteurs de
succès des courants fascistes espagnols était cet
anticléricalisme, j’avais sous les yeux un texte de
délibération rédigé par les anarchistes
espagnols où l’on préconisait l’interdiction
des pratiques cultuelles tout en tolérant les sentiments
intérieurs (comme si ces sentiments n’étaient pas
totalement libres sous le talon de Mussolini, comme celui de Hitler et
de Staline). L’anticléricalisme prend souvent le
caractère de l’Inquisition... rationaliste. Un
anticléricalisme non libéral, quelle que soit sa
coloration d’avant-garde est fasciste. Non seulement fasciste,
mais pas très intelligent.
Malatesta a toujours réprouvé les fanatiques... de la
Libre Pensée. En rapportant cette nouvelle parue dans un journal
anarchiste (« A Barcelone, une bombe a éclaté dans
une procession religieuse, faisant quarante morts et on ne sait combien
de blessés. La police a arrêté plus de 90
anarchistes avec l’espoir de mettre la main sur
l’héroïque auteur de l’attentat »),
Malatesta commentait ainsi, dans le numéro unique de
L’Anarchia (août 1896) : « Aucune raison que la lutte
pourrait justifier, aucune excuse, rien ; est-il héroïque
d’avoir tué femmes, enfants, hommes sans défense
parce qu’ils étaient catholiques ? Cela est
déjà pire que la vengeance : c’est la fureur
morbide de mystiques sanguinaires, c’est l’holocauste
sanguinaire sur l’autel de Dieu ou d’une idée, ce
qui revient au même ; ô Torquemada ! ô Robespierre !
» Leandro Arpinati (1), à l’époque où
il se disait anarchiste, était spécialisé dans la
dispersion des processions rouges à Bologna et ailleurs.
Mussolini, de bouffe-curés qu’il était est devenu
« l’homme de la Providence ». Podrecca (2), directeur
d’âneries du journal L’Asino («
l’âne »), est devenu fasciste et grenouille de
bénitier.
L’anticléricalisme grossier en vogue en Italie
jusqu’en 1914 a exécuté les volte-faces les plus
spectaculaires.
Il ne pouvait en être autrement puisqu’à la
virulence sectaire s’ajoutaient la superficialité
intellectuelle et le marchandage de la culture.
L’anticléricalisme en Italie était fasciste quand
il interdisait les sonneries de cloches, quand il envahissait les
églises, quand il bousculait les prêtres dans les rues,
quand il falsifiait l’histoire, quand il s’appuyait sur les
faux témoignages d’enfants mythomanes ou de parents
cupides pour démasquer un prêtre « cochon » de
plus, quand il niait la liberté d’enseignement, quand il
rêvait d’interdire aux croyants toute liberté de
rite et de culte.
Les résultats ont été ceux que l’on
connaît. Les communistes, qui aujourd’hui flirtent avec les
chrétiens révolutionnaires de France et avec les
chrétiens communistes de Yougoslavie, et qui utilisent Miglioli
(3) comme miroir aux alouettes démocrates-chrétiennes de
chaque pays, contribuèrent en 1919 et en 1920 avec les
socialistes extrémistes, à pousser le Partito popolare
(catholique) vers l’alliance avec le fascisme. Les
républicains, oubliant Mazzini là où ils
étaient majoritaires, tombèrent eux aussi dans
l’anticléricalisme grossier et accablant. La subversion et
le rationalisme démocrate maçonnique furent en Italie
cléricalement anticléricaux.
Urbain Gohier écrivait dans l’un de ses perspicaces
articles (Leur République, Paris 1906) : « Le
cléricalisme n’est pas l’attachement fanatique
à un dogme donné ou à certaines pratiques,
c’est une forme particulière de la pensée, qui
s’exprime surtout par l’intolérance. La plus grande
partie des soi-disant anticléricaux d’aujourd’hui
sont des cléricaux protestants ou des cléricaux juifs,
qui combattent la religion catholique au profit de la leur ; ou bien
des sectaires maçonniques encombrés de vains
préjugés, de vaines cérémonies et de
bibelots encore plus ridicules que ceux du clergé. Leurs
principaux meneurs sont des ex-prêtres ou des ex-moines qui ne
peuvent pas se débarrasser de leurs habitudes mentales acquises
précédemment et qui rétablissent dans la Libre
Pensée des Noëls païens, des Pâques socialistes,
des baptêmes civils, des communions et surtout des
excommunications, et remplacent les jeûnes, les évangiles,
les credos, les catéchismes et les billets de confession par des
banquets. » Cette catégorie de prêtres de la Libre
Pensée a prévalu en Italie comme en France et en Espagne.
En Italie, aucune revue « rationaliste » n’a eu
l’importance culturelle de la Civilta cattolica des
jésuites, de la Rivista neotomistica des catholiques, du
Bylichnis des protestants, du Coenobium spiritualiste.
Les plus sérieux des historiens des religions en Italie
ont été prêtres catholiques ou protestants, et il
n’y a pas eu un seul « rationaliste » qui ait la
préparation culturelle, en matière religieuse, d’un
Turchi, d’un Fracassini, d’un Bonaiuti, etc. En Italie, il
y avait encore en 1919 et en 1920, le scandale des revues comme Satana
de Rome, dirigée par des ânes présomptueux qui
critiquaient la religion avec des arguments ridicules et qui publiaient
des articles d’une pauvreté d’idées et de
documentation qui faisait pitié.
A l’ignorance et la stupidité de cet
anticléricalisme faisait pendant l’intolérance qui,
en France, sous l’hégémonie
franc-maçonnique, conduisait à exclure des
universités des prêtres de grande valeur uniquement parce
qu’ils étaient prêtres. Ainsi, une chaire fut
refusée au père Scheil, une des plus grandes
autorités en matières d’assyriologie. De lui,
Morgan dit dans son traité Les premières civilisations :
« Aujourd’hui en Europe, on peut à peine compter
quatre ou cinq savants de ce type dont l’opinion fait
autorité, et parmi eux, il y a V. Scheil que j’ai eu la
chance et l’honneur d’avoir comme collaborateur pour mes
travaux en Perse. Son nom restera pour toujours lié à sa
magistrale traduction des lois d’Hammourabi et au
décryptage des textes élamites, véritable tour de
force accompli sans l’aide d’un bilingue. »
Les anticléricaux ne s’émouvaient pas du tout du
fait qu’à un savant de réelle valeur fût
refusée la chaire d’assyriologie au Collège de
France, parce qu’à leur avis, un prêtre
n’aurait pas eu l’impartialité nécessaire
pour traiter des matières qui ont à voir avec les
études bibliques.
J’ai eu comme professeur d’histoire des religions, à
l’université de Florence, le professeur Fracassini, qui
était prêtre, et, dans le cercle des études
philosophiques de cette ville, j’ai eu l’occasion
d’écouter certains conférences du professeur
Bonaiuti, prêtre lui aussi. Eh bien, je n’hésite pas
à déclarer que je n’ai jamais entendu traiter des
questions religieuses avec moins de préjugés
philosophiques, avec une plus grande rigueur scientifique, avec une
plus grande netteté.
Si presque tous les anticléricaux refusent de croire qu’il
puisse y avoir des prêtres intelligents, cultivés et
exerçant sérieusement et honnêtement leur fonction,
de ministre du culte catholique, protestant ou juif, cela signifie que
presque tous les anticléricaux sont, à leur façon,
des cléricaux. L’anticléricalisme,
déjà philosophiquement pauvre et scientifiquement
tracassier et superficiel, a été en outre en Italie, et
est encore en France et en Espagne, borné dans sa perception du
problème social.
Le « danger clérical » a été
utilisé en Italie comme substitutif par la bourgeoisie
libérale et par le radicalisme ; en France, depuis 1871, la
lutte contre l’Eglise a permis à la bourgeoisie
républicaine d’éviter les réformes sociales.
En Espagne, le républicanisme à la Lerroux (4) a
joué, lui aussi la carte de l’anticléricalisme,
qui, mis en pratique par la gauche, a permis à la coalition
catholique fasciste de se développer. Il faut en finir avec
cette spéculation. Le prolétariat ne se nourrit pas de
curés. Et les révolutionnaires socialistes savent que la
hiérarchie et les privilèges de l’Eglise sont une
chose, et que les sentiments religieux et les cultes en sont une autre.
Le droit au baptême ne peut être mis sur le même plan
que les garanties pontificales. Les couvents franciscains ne peuvent
pas être pris pour la banque catholique. Le prélat
fasciste ne peut être confondu avec le prêtre qui ne
s’est jamais plié au fascisme. Les organisations
syndicales catholiques se sont démontrées capables, comme
en Lomellina, de grèves, de sabotages, d’occupations de
terres, et dans la révolution de demain, il serait stupide de se
mettre à dos, à cause d’un jacobinisme
anticlérical, une grande partie du prolétariat rural en
mesure d’entrer dans le jeu des forces révolutionnaires et
socialistes.
Les anarchistes doivent avoir foi dans la liberté. Quand
l’instruction sera ouverte à tous, quand la misère
du prolétariat aura disparu, quand les classes moyennes se
seront modernisées, le clergé ne pourra plus, une fois
perdus ses privilèges de caste, remplir entièrement ses
fonctions. Déjà, dans l’après-guerre, les
séminaires étaient dépeuplés et, souvent,
il y avait de jeunes prêtres qui, une fois le titre professionnel
obtenu, jetaient leur soutane aux orties. Quand, dans chaque village,
les cercles culturels, les cercles récréatifs, les
associations sportives et de théâtre amateur, le
cinéma, la radio, etc., éloigneront la jeunesse de
l’Eglise et des cercles récréatifs catholiques ;
quand une vie de couple plus harmonieuse permettra à la femme
d’échapper aux charmes de la confession et au besoin de
réconfort religieux ; quand face au dogme il y aura la chaire du
maître et que le prêtre ne sera plus appelé à
pontifier mais à un débat public et ouvert ; quand,
enfin, le grand souffle de la révolution aura balayé
presque tous les éléments qui renforcent et corrompent le
clergé et qui se soumettent à son pouvoir :
l’ignorance de l’enfance, la jeunesse sans horizons, la
féminité frustrée et avide de soutien moral, alors
qu’en sera-t-il du « danger clérical » ?
Quand la révolution aura gagné les esprits, les
églises ne seront plus que les monuments d’une puissance
abattue, comme l’arc impérial et les châteaux
féodaux ; leurs cloches seront silencieuses, leurs nefs vides de
chants liturgiques, leurs autels dépouillés d’or et
de cierges. Mais tant qu’elle sera victorieuse sur les choses,
muette et travestie sous le regard inquisiteur des Jacobins, vaincue et
dispersée en apparence, mais sous les cendres plus que jamais
vivante, l’Eglise ressuscitera tôt ou tard, peut-être
renforcée. L’anticléricalisme anarchiste ne peut
être ni antilibéral ni simpliste.
Camillo Berneri
(1936)
Notes
1. Leandro Arpinati (1892-1945). Socialiste, puis anarchiste, il
adhère à l’Union sacrée en 1913 puis se
rapproche de Mussolini à la fin de la guerre. Se rend tristement
célèbre par ses expéditions punitives contre les
ouvriers de la région de Bologne. Tué à la
libération par les partisans communistes.
2. Guido Podrecca (1864-1923). Journaliste socialisant, il fonde
en 1893 l’hebdomadaire L’Asino spécialisé
dans la propagande anticléricale superficielle et vulgaire.
Partisan de la guerre contre l’Autriche, il devient l’un
des plus proches collaborateurs de Mussolini.
3. Guido Miglioli (1879-1954). Syndicaliste catholique proche du
Parti communiste, il travailla étroitement avec ce parti dans
son exil en France.
4. Garcia Lerroux (1864-1949). Homme politique espagnol de
tendance radicale, il assuma à plusieurs reprises des
responsabilités dans le gouvernement de la république
espagnole.
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Commentaire de "Ni patrie ni frontières"
Devons-nous baisser la garde ?
Dans une « Note inédite sur l’agnosticisme
» que l’on trouve sur le site italien
http://www.socialismolibertario.it Camillo Berneri écrit :
« Un athée n’est pas obligatoirement un fanatique,
mais il le devient chaque fois qu’il veut démontrer, avec
de prétendues preuves, l’inexistence d’une
entité dont l’existence ou la non-existence n’est
soutenable que dans le domaine de la pure métaphysique ».
Cette citation éclaire sans doute un peu plus la position
défendue par Berneri dans le texte reproduit ci-dessus, du moins
sur le plan philosophique. L’auteur défend quatre
principes importants selon lui :
1) il est préférable de bien connaître la
religion avant de la dénoncer (nous ajouterions :
aujourd’hui, il est préférable de bien
connaître la religion - catholique ou musulmane - avant de vanter
les vertus d’une « théologie de la libération
» ou un « féminisme islamique »
imaginaires...) ;
2) il faut critiquer la religion en respectant les individus qui croient en Dieu ;
3) on doit établir une différence entre les institutions
religieuses réactionnaires qui exercent un pouvoir politique ou
financier et les croyants voire les prêtres qui s’engagent
dans les luttes sociales du côté des travailleurs ;
4) il faut respecter la liberté des cultes et la liberté
d’expression des croyants.
Et pour illustrer sa position il cite un certain nombre d’actes
criminels ou de propos imbéciles de certains
anticléricaux - anarchistes, ou pas.
Dans l’ensemble, on ne peut qu’être d’accord
avec la prudence que prône Camillo Berneri en matière de
critique antireligieuse et d’anticléricalisme.
Mais si l’on prend quelques exemples actuels, on voit que la
question est plus complexe.
Il est évident, et on peut le constater tous les jours en France
depuis qu’ont commencé les débats sur le port du
hijab, qu’être partisan de la laïcité, ou
être anticlérical n’a pas grande signification en
soi. Un certain nombre de gens très virulents contre le port du
« voile islamique » à l’Ecole sont en fait des
individus d’extrême droite, des racistes qui
s’ignorent, ou simplement des individus intolérants - ce
que Berneri appelle des « non libéraux » ou des
« antilibéraux », ce qui signifie pour lui des
adversaires de la liberté - et non des adversaires du
libéralisme économique !
De même, parmi les partisans de la laïcité en France,
on sait qu’il existe des alliances douteuses entre des
anarchistes, des trotskystes et des francs-maçons au sein
d’associations qui prétendent défendre la «
Libre Pensée » - tout comme en Italie au début du
XXe siècle.
Mais toutes ces mauvaises raisons d’être antireligieux ou
anticlérical annulent-elles les excellentes raisons de
défendre une philosophie matérialiste athée ?
Certes l’anticléricalisme peut être une arme de la
bourgeoisie pour faire diversion par rapport aux questions sociales.
Mais le cléricalisme et l’obscurantisme religieux aussi.
Certes il existe des croyants, voire des prêtres qui prennent des
positions politiques justes, voire participent à la lutte de
classe du bon côté, mais ce n’est jamais le cas des
autorités religieuses qui font toujours corps avec l’ordre
établi.
Berneri écrit qu’il faut « avoir foi dans la
liberté ». Il a raison. C’est pourquoi les
révolutionnaires doivent défendre la liberté
d’expression et la liberté de culte même de ceux qui
considèrent que les athées pourriront tous en Enfer et
qui ne défendent jamais les révolutionnaires quand ces
derniers sont victimes de la répression étatique.
Mais on pourrait lui rétorquer que défendre la «
liberté » dans l’absolu, pour ne pas faire le jeu du
fascisme (décidément l’argument aura une belle
postérité !) ou, plus simplement, pour ne pas avoir un
comportement intolérant qui renforcera l’obscurantisme
religieux, une telle attitude peut aussi amener un « libertaire
» à se trouver en très mauvaise compagnie. Et
c’est malheureusement inévitable.
On a pu voir, lors du procès de l’UOIF et de la
Mosquée de Paris contre Charlie Hebdo, que les défenseurs
de la liberté d’expression ont reçu en
dernière minute des soutiens fort encombrants. Auraient-ils
dû se laisser museler ou changer de position parce que Sarkozy ou
Bayrou manifestaient leur soutien ? Besancenot aurait-il dû
renoncer à se présenter aux élections
présidentielles de 2007 parce que le président de
l’UMP a démagogiquement fait savoir qu’il
était prêt à l’aider à obtenir ses 500
signatures ?
Ou, situation plus complexe et délicate encore, devons-nous
éviter toute critique des implications politiques et sociales
réactionnaires de la religion musulmane, sous prétexte
que Le Pen et de Villiers, ou les grands médias, font de la
« critique » de l’islam un fonds de commerce juteux ?
Dernier point contestable dans l’argumentation de Berneri, et que
l’on retrouve chez toutes sortes de courants radicaux. Les
discours mous ou « agnostiques » des
révolutionnaires, anarchistes ou trotskystes, vis-à-vis
de la religion, reposent toujours sur l’illusion que
l’éducation (publique et militante), d’abord la
révolution ensuite, rendront les Eglises et les croyances
religieuses magiquement obsolètes, comme en témoignent
les dernières lignes lyriques de l’article reproduit
ci-dessus.
Malheureusement, la révolution mondiale n’a pas encore eu
lieu. Donc il nous est difficile de savoir ce qui se produira
après. Quant au pouvoir miraculeux de l’instruction
publique et de l’activité culturelle et politique du
mouvement ouvrier sur la conscience des masses, on n’a
malheureusement pas constaté, du moins dans les zones les plus
développées et riches de l’humanité
où une fraction non négligeable de la population
bénéficie de la possibilité d’étudier
jusqu’à au moins 18 ans, un rapport de cause à
effet entre hausse du niveau de l’instruction, baisse radicale du
niveau de fréquentation des Eglises et surtout baisse des
pratiques superstitieuses de tous ordres. Si la France est le pays
d’Europe (et même du monde industriel
développé) qui compte le plus d’athées au
kilomètre carré, le moins qu’on puisse dire est que
l’influence sociale, politique et intellectuelle des Eglises et
des sectes continue à y prospérer.
Une raison de plus pour que les athées matérialistes ne
baissent pas la garde...
Y.C.